Du 15 au 23 Mai je pars à Jérusalem pour visiter, apprendre, comprendre, réfléchir. Avec un groupe d’une vingtaine de personnes réunies autour de Didier Long et de son ami . Ce groupe est principalement constitué des dirigeants d’entreprises ou de la fonction publique, d’origines très diverses et de confessions diverses.
Un voyage comme les autres?
Pourquoi partir à Jérusalem en plein du mois de Mai?
On me pose en ce moment souvent la question : “Est-ce un voyage d’affaires ou ce sont des vacances?” ou bien “Est ce un voyage religieux?” ou bien “Tu y vas pour raison spirituelle?”
On m’a même demandé '”Mais tu es juif?“
D’abord je dois dire que je saisis une opportunité. Je ne pense pas que j’aurais organisé moi-même ce voyage si des amis ne m’avaient pas tendu la main pour rejoindre un groupe. Un soir Didier et Marie-Pierre sont venus diner à la maison avec deux autres couples, et il nous ont dit “on part à nouveau cette année à Jérusalem pour refaire ce voyage”. Didier est croyant alors il dit “Pèlerinage”, Marie-Pierre ne l’est pas alors elle dit “Voyage”.
La description de leur dernier voyage a donné envie à chaque participant du diner de participer…
Je connais Didier depuis quelques années j’en ai parlé plusieurs fois ici : A quoi croyons nous ( billet sur un livre de didier )
Didier Long est un essayiste, il a mon age ( a peu près). Il fut moine bénédictin de 1985 à 1995 (Abbaye de la Pierre-Qui-Vire), Didier s’appelle alors frère Marc. Il est éditeur des Éditions Zodiaque (maison d’édition d’art roman), artiste plasticien (Galerie Froment et Putman , Biennale de Venise, architecture, 1992) et responsable de la formation théologique permanente de la communauté. Didier quitte la vie monastique en 1995 et rencontre Marie-Pierre une journaliste de France 2. Depuis, ils sont mariés et élèvent leurs 4 enfants.
Puis en 1997, il est devenu consultant en technologies Internet : il conçoit Fnac.com et 01Net. De 2000 à 2002 Didier est consultant chez McKinsey. Depuis 2002, Il fonde et préside le cabinet de conseil en stratégie Internet Euclyd qui aide des dirigeants de grands groupes et des fonds d’investissement à définir leur stratégie internet et à la déployer. Sa réflexion, issue de son parcours est centrée sur la compréhension de l’expérience religieuse et de manière plus générale sur l’analyse de la croyance. Didier Long possède un cursus universitaire de philosophie et de théologie de l’Institut Catholique de Paris.
Son enthousiasme communiquant m’a donné envie assez rapidement de le suivre dans ce voyage.
J’ai eu l’occasion Jeudi soir de réunir le petit groupe de 20 personnes qui vont se réunir samedi prochain pour partir en Israël. Toutes les motivations sont très différentes mais je crois que l’on peut les réunir autour de trois objectifs.
En y regardant de plus près, ces trois motivations sont bien les miennes.
Trois expériences d’un voyage pas comme les autres.
Finalement d’une façon très synthétique nous avons convenu ensemble que les attentes peuvent se regrouper autour des trois expériences.
C’est d’abord une expérience spirituelle : au carrefour des trois religions monothéistes : Judaïsme / Christianisme / Islam. Mais aussi un moment pour que certains puisse se concentrer sur la prière et une meilleure compréhension des textes bibliques par une mise en situation réelle.
Beaucoup des participants ( croyant ou pas ) ont relevé cette attente, comme une sorte de rencontre attendue. Un besoin de retrouver des racines d’une civilisation, mais peut-être une expérience plus personnelle et plus intime.
C’est aussi une expérience historique : à la rencontre d’un monde qui a connu les plus grandes civilisations les Grecs, les Romains. Ce reposer les questions du Jésus historique ( Didier nous a donné une belle liste de lecture à ce sujet ). C’est l’opportunité de relire aussi comment l’empire romain ca se christianiser ( Constantin ) , puis la domination d’une autre civilisation : les Ottomans.
Est-ce Marie-Pierre qui a donné la passion à Didier de la Géo-politique? Je ne sais pas, en tous les cas, nous voici tous plongés dans un conflit qui n’en finit pas. Et pour vivre une expérience géo-politique. C’est pour nous l’occasion de décortiquer l’orient complexe ( On connaît la formule du général de Gaulle s’embarquant en 1941 pour le Liban : « Je partais pour l’Orient compliqué avec des idées simples» ). Se pencher une fois de plus sur un conflit Israël-Palestine qui nous touche chacun d’entre nous. L’occasion de se poser les bonnes questions sur les territoires (on ne dit plus occupés parait-il). C’est aussi l’endroit pour réfléchir ou nous mène le fondamentalisme, quelles sont ses sources et comment l’appréhender.
Pour moi, c’est l’occasion aussi d’échanger autour du dialogue Islam-Occident, qui me parait être une des premières urgences pour l’Europe. Dans ce coin du monde, ce thème prend toute son ampleur, et sans y trouver de solution parfaite, je crois que c’est une façon de se nourrir pour continuer cette réflexion.
Didier nous a rappelé que l’on “montait” à Jérusalem du temps des pèlerinages juifs et pour cette première réunion il a choisit le psaume des montées que l’on chantait ou récitait en marchant vers Jérusalem… Tout un symbole.
Ps 121 (122), psaume des montées ( ou des degrés )
Quelle joie quand on m'a dit :
« Nous irons à la maison du Seigneur ! »
Maintenant notre marche prend fin
devant tes portes, Jérusalem !Jérusalem, te voici dans tes murs :
ville où tout ensemble ne fait qu'un!
C'est là que montent les tribus,
les tribus du Seigneur.C'est là qu'Israël doit rendre grâce
au nom du Seigneur.
C'est là le siège du droit,
le siège de la maison de David.Appelez le bonheur sur Jérusalem :
« Paix à ceux qui t'aiment !
Que la paix règne dans tes murs,
le bonheur dans tes palais ! »A cause de mes frères et de mes proches,
je dirai : « Paix sur toi ! »
A cause de la maison du Seigneur notre Dieu,
je désire ton bien.
Un voyage n’est pas seulement une destination
Ce siècle sera spirituel. Le nier c’est non seulement passer à côté de la croyance et les fondamentaux d’une bonne partie de l’humanité, mais ne pas voir aussi le regain de spiritualité pour certains et parfois le refus de la laïcité comme principe, pour d’autres.
Notre société s’est construite sur une civilisation qui a dans son cœur un héritage religieux. Le nier c’est réviser l’histoire et ne plus voir d’où l’on vient.
Dans ce voyage, dans ce pèlerinage, il n’est demandé à personne de croire mais chacun pourra écouter…
Un voyage c’est aussi un chemin que l’on fait, avec d’autres. Ce n’est pas seulement une destination. C’est donc pour moi à la fois un voyage parce que je vais au devant d’un inconnu mais c’est aussi un pèlerinage, parce comme croyant, la destination a aussi un sens spirituel.
J’ai comme le pressentiment que je reviendrais avec tout autre chose que ce que nous sommes partis chercher…
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