Il devient urgent ne pas se laisser distraire par le débat sur son statut de monnaie, qui ne pourrait être finalement qu’un leurre.
Comme beaucoup de révolutions, les inventions ne peuvent pas être catégorisées par des inventions passées et il semblerait que ce soit le cas du Bitcoin. Celui-ci est souvent définit par une affirmation négative : ce n’est pas une vraie monnaie. En 1876, William Orton le président de la société Western Union qui transférait des télégrammes d’un bout à l’autre des Etats Unis, répondit à quelqu’un qui venait lui vendre un brevet d’un appareil appelé téléphone « Que pourrait on bien faire avec ce jouet électrique ? ». Aujourd’hui l’entreprise ne transfert plus de l’information. Elle transfert de l’argent partout dans le monde, on y reviendra plus tard.
Pour expliquer pourquoi il est important de réguler rapidement et efficacement les activités qui sont liés au protocole bitcoin, je propose tout d’abord d’évoquer le sujet des monnaies complémentaires, du protocole en lui même et de ses champs d’applications.
La monnaie constitue l’un des fondements de l’économie moderne. Jusqu’à présent, la monnaie constitue une valeur consubstantielle de la puissance et de la pérennité d’une économie. Nous sommes d’ailleurs issus d’une histoire dans laquelle le roi puis l’état frappait monnaie et où les faux-monnayeurs étaient ébouillantés. La punition s’est adoucie par la suite, puisque à partir de 1832 les coupables étaient seulement envoyés au bagne à perpétuité. Dans notre inconscient collectif la monnaie reste un sacro-saint de notre système économique. Impossible d’y toucher sans que quelqu’un explique que tout l’édifice s’écroulera. On comprend que le sujet ne suscite finalement plus beaucoup de débat véritable, tant il est complexe et imbriqué dans notre économie. Pourtant, nous savons tous qu’en zone euro ces débats sur notre monnaie reprendront avec des approches parfois radicales : « il faut sortir de l’Euro », « l’Euro protège notre économie »
Dans la zone euro, il semblerait même que les monnaies complémentaires semblent soumises à de très lourds scepticismes ou au mieux du mépris. Et pourtant, en Europe, nous devons bien reconnaître que les monnaies complémentaires fonctionnent. Il faut citer le wir en exemple. Depuis 1934, date de sa fondation le wir se développe en Suisse à côté du franc suisse avec plus de 60 000 PME qui pratiquent du paiement sans numéraires. Une monnaie digitale en quelque sorte. On parle d’une PME sur 5 en Suisse, qui utilisent cette monnaie soit 800 millions de wirs en circulation.
Quant une nouvelle innovation comme le Bitcoin apparaît : une quasi-monnaie digitale, globale, basée sur des algorithmes, sans le support d’aucune organisation centrale. Là, les boucliers des banquiers centraux et des économistes des monnaies se dressent d’un coup, parfois avant même d’avoir entendu de quoi il s’agissait sur le fond.
Et pourtant comme l’explique avec patience, bienveillance et pédagogie, Marc Adreessen de Andreessen Horowitz dans son article du New York Times « Why Bitcoin Matters ? », Bitcoin est fondé sur une technologie disruptive qui peut bénéficier d’un effet de réseau, c’est à dire que sa valeur va augmenter avec la contribution des parties prenantes de ce réseau. Il en compte quatre : les consommateurs, les marchands, les mineurs (membres de la communautés qui font fonctionner le réseau) et les entreprises technologiques qui vont construire des applications sur la base de cette invention.
L'article complet sur le Huffington Post.
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