Benjamin VICENT et Pierrick FAY m'ont fait l'amitié d'ouvrir une grande partie de leur emission au sujet de Bitcoin.
Gentek c'est l'emission en direct, tous les mardis soirs, en direct, de 22h à 23h, où les deux animateurs recréent le duo légendaire de Générations Europe 1 et reçoivent des personnalités de la High-Tech pour passer en revue l'actualité de la semaine (et d'une marque par semaine).
Pierrick et Benjamin ont posé beaucoup de questions interessantes que se posent la plupart d'entre nous aujourd'hui, c'était donc l'occasion pour moi de donner le point de vue de la communauté des bitcoiners le plus simplement possible.
J'étais l'invité de Laurence Parisot pour parler de Bitcoin.
L'interview est ici : Cliquez sur le logo
C'est important parce que c'est un monde nouveau qui nait.
Remplacer la confiance : dans le paragraphe de conclusion, le papier de Satoshi Nakamoto (l’inventeur du protocole bitcoin) finit comme un cri de victoire: "Nous avons proposé un système pour des transactions électroniques qui ne repose pas sur la confiance".
La confiance dans une organisation qui est une abstraction construite par l'homme vient d'être totalement remplacée par un algorithme. Bitcoin n'est donc pas une invention neutre. Ce n'est pas non plus une invention sans conséquence. Elle porte en elle une rupture qui touche à des fondamentaux importants de notre économie: la confiance.
Permet de nouvelles applications : Le protocole permet de mettre en place une première application qui est la monnaie bitcoin, mais demain, ce sont beaucoup d’autres applications qui verront le jour : assurance, crowdfunding, trading, actes notariés, contrats intelligents…
C’est une alternative à un système qui a besoin de fonctionner mieux. La défiance vis à vis des banques centrales, des banques commerciales et des gouvernements crée un appétit pour les crypto-monnaies qui ne remplaceront probablement pas totalement les monnaies « fiat » mais qui émuleront une concurrence saine comme monnaie complémentaire en apportant des services nouveaux ou des services financiers à couts très bas.
C’est une opportunité pour les sans banques. Les «sans-banque» sont 3,5 milliards sur terre, certains d’entre eux, de plus en plus nombreux, accèdent à l’internet. C’est une fabuleuse opportunité pour eux de pouvoir développer leurs affaires permettant de sortir parfois de la pauvreté.
Oui nous sommes à un tournant important. Rappelons ce qu’est le bitcoin. Le bitcoin n’est pas un nouveau produit basé sur des technologies existantes. Le protocole Bitcoin est une technologie nouvelle qui a été inventé, et elle ne pourra pas être des-inventé. Il faudra vivre avec ces monnaies digitales et la première d’entre elle le bitcoin. Par sa définition même dès sa conception on trouve trois caractéristiques principales très fortes
1 Globale et facile à mettre en œuvre.
2 Sans autorité centrale, mais transparente
3 Rapide et très peu chère.
1 Ceux qui voit un outil permettant de transférer de l’argent facilement d’un point à l’autre de la planète quasi instantanément sans passer par le système bancaire. Exemple des manifestants de la place Maiden en Ukraine.
2 Ceux qui rêvent, dans une utopie libertaire, de voir diminuer l’intervention de l’état et des banques centrales, dans notre liberté de posséder, mais aussi de transmettre, de financer et d’entreprendre.
Mais c’est aussi pour certaines communautés dans des pays émergeants une façon de sortir des conflits d’intérêt entre la politique ( le bien de tous les citoyens ) et la gestion de la monnaie et/ou du système bancaire. Partout ou l’on mélange la politique et la finance il y a des risques de corruptions. En séparant ces aspects et en faisant gérer la finance par une organisation décentralisée, les nombres de points de compromissions sont moins grands et le système est plus sain et plus sur.
3 Une nouvelle offre qui permet de bousculer le système bancaire existant moins cher, plus rapide, plus simple. Bien que le protocole Bitcoin n’ait pas pour vocation de renverser le système bancaire international, mais de proposer un choix conscient et alternatif, tout en s’affranchissant d’un système arbitrairement imposé.
La défiance vis à vis des banques centrales, des banques commerciales et des gouvernements (surtout chez les generation Y ) crée un appétit pour les crypto-monnaies qui ne remplaceront probablement jamais totalement les monnaies « fiat » mais qui émuleront une concurrence saine comme monnaie complémentaire en apportant des services nouveaux ou des services financiers à couts très bas.
Que peuvent faire les états ?
On ne peut pas interdire le protocole Bitcoin, tout simplement car on ne peut pas le désinventer et qu’il repose sur un échange consentant entres utilisateurs.
Vouloir arrêter un protocole libre, ouvert qui appartient finalement aux biens communs de l’humanité, reviendrait à peu près à la même chose que couper l’internet.
Le protocole Bitcoin n’a pas pour vocation de renverser le système bancaire international, mais de proposer un choix conscient et alternatif, tout en s’affranchissant d’un système arbitrairement imposé.
L’Association Bitcoin France doit permettre à tous de prendre connaissance des principaux avantages du Bitcoin tels que : la visibilité et la transparence parfaite des comptes, la lisibilité des opérations vérifiables par tous, l’immédiateté et le très faible coût des transactions.
Nous pensons que ceux qui utilisent le Bitcoin le font par conviction et que ceux qui ne l’utilisent pas (encore) par méconnaissance. Nous devons aider ceux qui n’utilisent pas à mieux connaître, et aider le régulateur à avancer dans un domaine complexe dont nous comprenons les enjeux
Le chemin parcouru a été fait à une vitesse incroyable. En effet nous somme passés par trois phases très rapidement : la phase réseau, les informaticiens/développeurs/geeks qui ont construit le réseau, celle des spéculateurs, celles des entrepreneurs comme Paymium ou Electrum, demain avec ces services nouveaux vient la phase du consommateur…
Nous souhaitons que la France devienne la « terre promise » du Bitcoin, comme elle le fut auparavant pour la carte bancaire.
Conférence pendant le Spring Campus de Croissance Plus à OPIO.
Plus de 350 entrepreneurs d'entreprises de croissance cherchaient à mieux comprendre le futur des cryptomonnaies. Merci à Croissance Plus pour ce moment plein d'énergie. Merci à Nicolas pour avoir choisi ce thème dans la session innovation.
Croissance Plus est le premier réseau français de dirigeants d’entreprises de croissance qui organise chaque année le Spring Campus.
Le Spring Campus est une conférence qui réunit 400 d’entre eux pendant trois jours pour des conférences, des ateliers interactifs et beaucoup de rencontres informelles pour échanger sur leurs sujets de préoccupations.
Frédéric Bedin, ancien Président de Croissance Plus et initiateur de l’événement a voulu créer une véritable effervescence intellectuelle autour de l’entrepreneuriat. L’ancien président, qui a toujours eu le sens de la formule efficace , présente le Spring Campus comme «une sorte d’université d’été que nous faisons l’hiver mais qui s’appelle printemps»,
J’ai eu l’honneur d’être invité à la dernière édition dernier édition por participer à la session « innovation » pour présenter les perspectives que l’on peut dessiner autour des cryptomonnaies et la première d’entre elle : le bitcoin.
Cette année le thème choisi est « l’entrepreneur, l’aventurier du XXIeme siècle ».
Avec un thème comme celui-ci, je me dis que je suis au bon endroit pour évoquer cette aventure qu’est la création d’une nouvelle monnaie qui remet en cause le principe de tiers de confiance ou d’autorité centrale. C’est un monde nouveau que celui ou l’on fait reposer la validité d’un échange de valeur sur un algorithme et un consensus de milliers d’ordinateurs plutôt qu’à un concept appelé la confiance. Un concept nouveau. Presque dérangeant.
En arrivant la veille de mon intervention, dans le centre de congrès, plusieurs des participants ont le même rituel pour essayer d’apprendre un peu plus sur ces soit-disantes sulfureuses monnaies digitales. Le procédé est toujours le même. Le dirigeant, pourtant féru de technologies, souvent fervent défenseur de la sacro-sainte transformation digitale, me prend discrètement à part des conversations et après avoir vérifié que nous étions seuls, il lâche : « J’ai un peu lu sur ton bitcoin, j’entends parfois des informations sur le sujet, j’avoue que ça m’intrigue, mais la réalité c’est que je n’y ai toujours rien compris ». Généralement, je dédramatise la situation en expliquant qu’il faut un peu de temps pour se sentir à l’aise sur ce sujet et qu’assez peu d’éducation a été faite sur le sujet. Il est donc très normal de se sentir perdu.
Mais plus loin dans la conversation, reviennent assez souvent les mauvaises nouvelles qui ont parfois été lues dans la presse avec un traitement parfois approximatif mais toujours sensationnel.
Je sens intuitivement que ce sont les plus bienveillants qui sont venus me voir et que lorsque je prendrai la parole le lendemain il faudra convaincre tous ceux qui sont convaincus que : « le bitcoin est une arnaque » parfois «une petite astuce marketing, un piège à gogo » au mieux « un repère de dealers de drogue qui échange des billets de monopoly avec des blanchisseurs d’argent sale ».
Le lendemain, arrivé sur scène, je vois de la tribune, 350 entrepreneurs attentifs, qui sont prêts à entendre une version différente de ce qu’ils ont pu lire dans la presse ou écouter à la radio.
Il m’est donné quinze minutes pour tenter de poser le décor, et cinq minutes pour répondre à trois questions.
J’explique finalement trois éléments qui me paraissent cruciaux pour pouvoir échanger avec des entrepreneurs qui veulent en savoir plus.
Le premier élément est didactique. Il faut expliquer avec un peu de détail ce qu’est vraiment le réseau Bitcoin et son protocole (avec un grand B, pour le différencier de la quasi monnaie que l’on va décrire avec un petit b).
Le second élément est contextuel. Je passe un peu de temps à montrer, grâce à l’actualité récente, que le réseau a présenté des risques mais aussi de grandes opportunités. C’est un peu ça l’aventure non ? Après avoir passé en revue à la fois la volatilité, les places de marchés mal gérées qui se sont écroulées et l’anonymat relatif des transactions illégales, je montre les opportunités grandissantes dans ce domaine qui sont inhérentes au protocole : transparent, quasi gratuit, simple d’utilisation, non répudiable, sans autorité centrale.
Enfin je termine par la question qui doit être celle que peuvent se poser la plupart des entrepreneurs : pourquoi tout ceci à de l’importance pour l’économie, pour leur entreprise et pour la société dans laquelle nous vivons. Pour ceci, j’aborde trois points clés pour comprendre le futur des monnaies digitales:
En me rasseyant pour répondre aux questions de la salle, les bras se lèvent immédiatement. Un entrepreneur nous témoigne qu’il avait surpris l’un de ses collaborateurs qui « minait » et qui concevait des crypto-monnaies « derrière son dos ». Avant de prendre une décision, il a d’abord tenté de comprendre de quoi il s’agissait. Après s’être plongé dans le sujet, il félicitera son collaborateur d’avoir mis le doigt sur un champ d’innovation possible: il confirme que c’est un sujet d’avenir pour son entreprise et pour la société.
Quand je quitte la scène, presque une heure s’est écoulée à cause du déluge de questions auxquelles il a fallu répondre. Je me rassois avec le sentiment que la route est encore longue mais que de nouveaux aventuriers sont prêt à larguer les amarres.
Hier, M. le Député du H aut-Rhin, Eric Straumann, a proposé, au travers d’une question écrite au gouvernement, une interdiction pure et simple de Bitcoin dont les transactions pourraient être assimilé à un « scheme » de Ponzi. Pour rappel, Bitcoin est à la fois une unité de compte et une application permettant des transactions pair à pair via le réseau Internet. Cette application distribuée a été créée sans autorité centrale ce qui en fait l’un de ses moteurs d’adoption. Cette innovation technologique majeure permet de remplacer le concept de confiance issue d’une organisation centrale par un dispositif de chiffrement autonome.
La comparaison avec le « scheme » de Ponzi paraît tout à fait hasardeuse à plusieurs égards :
Sur le sujet de l’interdiction, nous pensons que le M. Député devrait préciser sa pensée sur les raisons qui le poussent à demander son interdiction. L'Association Bitcoin France se demande sur quels motifs Monsieur le Député se fonderait pour interdire une technologie libre comme Bitcoin, alors qu'elle est globalement reconnue comme étant porteuse de nombreuses avancées technologiques dans le domaine du paiement électronique et de la confiance numérique. Le réseau Bitcoin s’appuie sur une application distribuée et autonome capable de vérifier des transactions de valeurs d’un point A à un point B de façon non pas anonyme mais pseudonyme. Elle est librement installée sur des centaines de milliers d’ordinateurs dans le monde. Elle permet de réduire considérablement les coûts de transactions ou de transferts de monnaie pour des centaines de milliers d’utilisateurs. L’avantage économique semble indéniable.
Concernant le mode opératoire, nous doutons de l’efficacité pratique d’une interdiction pure et simple. D’une part parce qu’il ne s’agit pas d’un usage limité au territoire national, et que cette interdiction devrait donc être globale. D’autre part, car beaucoup de pays a l’instar de l’Allemagne ou du Royaume-Uni, reconnaissent progressivement cette quasi-monnaie digitale.
Un atout sur le plan de l’emploi et de la recherche: Il convient de souligner que le processus de vérification des transactions s’appuie sur un procédé de chiffrement (appelé « minage ») qui permet la création de cette quasi-monnaie numérique mais aussi la validation chiffrée des transactions. Cette industrie fait naitre de nouvelles demandes basées sur des expertises de très haut niveau dans des domaines dans laquelle la France excelle.
Nous ne pouvons que regretter la véhémence des propos de M. le Député à l’égard d’une nouvelle technologie extrêmement prometteuse qui par son potentiel favorise l’innovation, l’emploi, et promeut une vision différente du monde de la finance. Nous aurions aimé entendre d’avantage les députés sur le sujet de la séparation des banques de dépôts et des banques d’investissements, point phare du programme du président élu.
L’association Bitcoin France invite donc les députés à considérer une position ouverte et équilibrée sur ce sujet et nous recommandons de mener les actions suivantes :
Intervention rapide pour le journal de 18h00, l'association était interrogé par Marion L'Hour de France Inter
Berlin, mercredi matin. Dans un centre de conférence, dans l'ancien quartier juif de Berlin, à quelques pas du célèbre incubateur Rocket Internet (qui a créé Zalando, eDarling et CityDeal), 300 entrepreneurs et investisseurs se sont réunis pour échanger autour du futur des monnaies cryptographiques et surtout de Bitcoin. Alors que depuis deux ans, chaque semaine, le monde bien établi de la finance annonce la mort du réseau Bitcoin, ce petit groupe d'irréductibles entrepreneurs et développeurs entrevoient un futur très différent...
J'étais présent à cette conférence essentiellement fréquentée par le public européen intéressé par les discours de quelques experts internationaux. J'ai été rapidement conquis par la ferveur des entrepreneurs et des investisseurs qui venaient partager leurs visions sur le futur des monnaies cryptographiques.
A Berlin comme dans les autres capitales fédérales, les Allemands ont développé un écosystème bien développé. Se rencontrant régulièrement dans des « meet-ups » de startups dédiés au nouveau réseau cryptographique du Bitcoin, ils échangent sur les possibilités des monnaies virtuelles. Dans cette communauté, ce ne sont plus seulement les experts en sécurité des premiers temps (hackers en français), on rencontre maintenant des anciens traders, des développeurs, des entrepreneurs cherchant à maîtriser ce qui apparaît comme un nouvel eldorado, où comme certains osent le dire un nouvel internet.
Pendant la conférence, sur la scène, une trentaine de présentateurs provenant de 14 pays, viennent exposer leurs derniers développements sur des sujets aussi divers que les nouvelles avancées en sécurité, les nouvelles technologies matérielles pour miner, les aspects légaux et de régulation. Des fonds de capital risque débattent de la façon dont ils commencent à fournir des fonds aux US et en Europe à des entrepreneurs de talents qui développent des entreprises basées sur le Bitcoin.
Plusieurs thèmes sont abordés pour décrire technologiquement les évolutions possibles du réseau. Si je devais en choisir un seul, je detaillerai volontiers les nouvelles applications qui fonctionnent audessus du réseau Bitcoin.
Les développeurs participent à l'émergence de nouvelles applications qui sont de nouveaux services autonomes, « vivant » dans le résau Bitcoin (la blockchain). Je les avais déjà décrit dans mon précédent billet. Un des exemples, présenté à Berlin, sont les Colored Coins et MasterCoin. Ce sont des protocoles qui permettent de décrire un certificat de propriété électronique et de gérer ses échanges. Grace à ces nouveaux « coins » qui disposent de propriétés, on peut donc décrire un objet physique ou un contrat. Et donc transférer cette propriété ou bien la découper en plus petites parties.
Prenons l'exemple d'une société qui serait identifiée par un certificat de propriété dans le réseau bitcoin. Le propriétaire peut décider de découper en milliers d'unités ce certificat et d'échanger ces parts grâce à ces nouveaux services. Une entreprise peut émettre des parts d'un emprunt et le proposer dans un système innovant de crowdfunding. Un trader peut créer un contrat, une option et proposer de le vendre et de suivre cette vente. Une expérimentation très réussie a eu lieu avec des développeurs français qui ont créé des options binaires que l'on peut acheter dans le réseau ( BTC ORACLE ).
Les nouveaux propriétaires disposent maintenant d'une « part » de l'actif qu'ils peuvent à nouveau échanger dans le réseau. Ces nouvelles applications qui fonctionnent au-dessus du réseau Bitcoin proposent donc de développer une organisation distribuée et autonome qui est une bourse d'échange fonctionnant sans autorité centrale, sans banque, sans bourse.
Rappelez vous que le réseau Bitcoin n'est en fait qu'un grand livre de compte distribué et autonome, sécurisé par des principes cryptographiques, l'idée des développeurs est de créer des applications autonomes et distribuées qui vont offrir des services qui vont bien au-delà de la monnaie.
D'autres réflexions plus politiques sont venues aussi animer les débats. Et sur ce sujet, c'est plutôt une approche défensive qui anime tous les acteurs du monde Bitcoin.
En 2014, Bitcoin risque d'être un sujet très visible dans l'internet et dans l'économie.
La vision que nous avons de ce qui se passe dans chacun des pays n'est pas toujours correctement décrite par les médias et les experts nationaux.
A Berlin, une étude a été présentée par le conseil juridique de la Bitcoin Foundation. Pays par pays, cette étude précise l'état des régulations en cours. Ceci montre que les médias et les experts nationaux couvrent assez mal le sujet. Plusieurs pays ont montré des réticences des craintes, des alertes qui se sont souvent traduites dans la presse mondiale par du bannissement pur et simple. Que ce soit en Chine ou en Russie, ou aux États-Unis, en regardant dans les détails, il apparaît que la position du régulateur est souvent plus modérée et surtout plus nuancée que ce qu'il est généralement décrit.
Dans un second temps, Bitcoin prépare sa mue pour toucher le grand public. Tous les acteurs impliqués dans cette technologie sont unanimes ils doivent faire des efforts tangibles pour que le citoyen puisse expérimenter les crypto-monnaies de façon rapide et simplifiée. Si, comme le prétendent certains, le Bitcoin doit aider les quelques 6,5 milliards d'êtres humains qui n'accèdent à aucun service bancaire, il faudra bien un peu de souplesse et de facilité d'usage.
Mais ce monde bouge à une vitesse incroyable. Depuis le mois de février, ZipZap propose de pouvoir échanger des livres sterling en bitcoin dans plus de 28 000 points de ventes en Angleterre. Demain, plusieurs pays d'Europe, la Russie en tête, disposeront de ce dispositif très simple où vous transférez de petits montant d'argent grâce au réseau Bitcoin.
Mais, les avocats américains et européens présents dans la conférence ont pris la mesure de la réaction qui se prépare. Ils sont unanimes : les temps vont devenir durs et violents pour le Bitcoin. Sur le front de la régulation et de l'encadrement de son développement, le régulateur sera intraitable et voudra faire des exemples, pour faire augmenter le risque de démarrer des business dans ces domaines.
Plus le réseau prend de l'ampleur, plus il réussit à convaincre un grand nombre d'utilisateurs qui vont le prendre en main pour échapper aux banques et aux organisations centrales de tout genre, plus les développeurs vont proposer de nouvelles applications pratiques et avec des bénéfices immédiats, plus le régulateur devra à la fois protéger les états des malversations que le réseau n'interdit pas intrinsèquement (blanchiment, évasion fiscale) sans faire tarir la fabuleuse source d'innovation que l'on commence tout juste à apercevoir.
Tout ceci est très éloigné de la spéculation sur la valeur du Bitcoin qui n'est qu'un leurre pour faire oublier que le réseau Bitcoin est en fait l'internet de la monnaie et non pas la monnaie de l'internet.
Tout le bruit fait autour de la valeur du Bitcoin nous éloigne de la réalité de cette technologie : elle est source d'innovations dont les développeurs et les citoyens vont se saisir pour inventer un monde nouveau. Peut-être un monde sans banque.
Impossible ? On disait pareil des encyclopédies papier, la dernière édition de Universalis est sortie l'année dernière en 999 exemplaires numérotés.
Il devient urgent ne pas se laisser distraire par le débat sur son statut de monnaie, qui ne pourrait être finalement qu’un leurre.
Comme beaucoup de révolutions, les inventions ne peuvent pas être catégorisées par des inventions passées et il semblerait que ce soit le cas du Bitcoin. Celui-ci est souvent définit par une affirmation négative : ce n’est pas une vraie monnaie. En 1876, William Orton le président de la société Western Union qui transférait des télégrammes d’un bout à l’autre des Etats Unis, répondit à quelqu’un qui venait lui vendre un brevet d’un appareil appelé téléphone « Que pourrait on bien faire avec ce jouet électrique ? ». Aujourd’hui l’entreprise ne transfert plus de l’information. Elle transfert de l’argent partout dans le monde, on y reviendra plus tard.
Pour expliquer pourquoi il est important de réguler rapidement et efficacement les activités qui sont liés au protocole bitcoin, je propose tout d’abord d’évoquer le sujet des monnaies complémentaires, du protocole en lui même et de ses champs d’applications.
La monnaie constitue l’un des fondements de l’économie moderne. Jusqu’à présent, la monnaie constitue une valeur consubstantielle de la puissance et de la pérennité d’une économie. Nous sommes d’ailleurs issus d’une histoire dans laquelle le roi puis l’état frappait monnaie et où les faux-monnayeurs étaient ébouillantés. La punition s’est adoucie par la suite, puisque à partir de 1832 les coupables étaient seulement envoyés au bagne à perpétuité. Dans notre inconscient collectif la monnaie reste un sacro-saint de notre système économique. Impossible d’y toucher sans que quelqu’un explique que tout l’édifice s’écroulera. On comprend que le sujet ne suscite finalement plus beaucoup de débat véritable, tant il est complexe et imbriqué dans notre économie. Pourtant, nous savons tous qu’en zone euro ces débats sur notre monnaie reprendront avec des approches parfois radicales : « il faut sortir de l’Euro », « l’Euro protège notre économie »
Dans la zone euro, il semblerait même que les monnaies complémentaires semblent soumises à de très lourds scepticismes ou au mieux du mépris. Et pourtant, en Europe, nous devons bien reconnaître que les monnaies complémentaires fonctionnent. Il faut citer le wir en exemple. Depuis 1934, date de sa fondation le wir se développe en Suisse à côté du franc suisse avec plus de 60 000 PME qui pratiquent du paiement sans numéraires. Une monnaie digitale en quelque sorte. On parle d’une PME sur 5 en Suisse, qui utilisent cette monnaie soit 800 millions de wirs en circulation.
Quant une nouvelle innovation comme le Bitcoin apparaît : une quasi-monnaie digitale, globale, basée sur des algorithmes, sans le support d’aucune organisation centrale. Là, les boucliers des banquiers centraux et des économistes des monnaies se dressent d’un coup, parfois avant même d’avoir entendu de quoi il s’agissait sur le fond.
Et pourtant comme l’explique avec patience, bienveillance et pédagogie, Marc Adreessen de Andreessen Horowitz dans son article du New York Times « Why Bitcoin Matters ? », Bitcoin est fondé sur une technologie disruptive qui peut bénéficier d’un effet de réseau, c’est à dire que sa valeur va augmenter avec la contribution des parties prenantes de ce réseau. Il en compte quatre : les consommateurs, les marchands, les mineurs (membres de la communautés qui font fonctionner le réseau) et les entreprises technologiques qui vont construire des applications sur la base de cette invention.
L'article complet sur le Huffington Post.